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Planète

Capter le CO2 dans l'atmosphère sera-t-il suffisant pour limiter le réchauffement climatique ?

"À l'occasion des 20 ans de Futura, Étienne Klein, le physicien et grand vulgarisateur, s'associe à la rédaction pour vous proposer, tout au long de cette journée spéciale, des sujets qui interrogent. Parmi eux, celui de la géoingénierie. Car la géoingénierie, il y a ceux qui l'envisagent comme une solution miracle au réchauffement climatique anthropique. Et ceux qui veulent la bannir des tablettes. Mais certaines des technologies qu'elle propose ne pourraient-elles pas participer... à « l'effort de guerre » ? C'est la question que nous posons concernant plus particulièrement celles que les experts appellent les technologies à émissions négatives."
Pour réussir à maintenir le réchauffement climatique sous la barre des +1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle, le temps nous est désormais compté.
Ingénieur Physicien
De quoi pousser certains à envisager désormais la géoingénierie comme la porte de sortie à cette crise climatique sans précédent dans l'histoire de l'humanité.
Il y a, par exemple, ceux qui voudraient injecter des particules dans la stratosphère pour faire baisser les températures.
Les effets collatéraux - notamment les impacts possibles sur le cycle de l'eau et des précipitations - pourraient en effet s'avérer pires encore que ceux du réchauffement climatique anthropique.
Mais dans la grande famille des technologies de géoingénierie, il y a aussi celles que l'on présente comme des technologies à émissions négatives.
Et le Groupe d'experts intergouvernemental pour le climat (Giec) semble aujourd'hui confirmer que les objectifs de l'Accord de Paris ne pourront être atteints sans recours à ce type de technologies.
Notez qu'en la matière, le terme de "« technologies »" est parfois trompeur.
Planter des arbres… beaucoup d’arbres !
Et de nombreuses entreprises comptent aujourd'hui sur les arbres pour réduire leur empreinte carbone.
Dans un rapport conjoint de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) et du Giec, publié en juin 2021, les experts soulignent qu'il pourrait s'agir là de la mesure d'atténuation du réchauffement climatique la moins chère et la plus rapide - même si elle prend tout de même le temps de la pousse des arbres - à mettre en œuvre.
Pourtant dans le rapport de l'IPBES et du Giec, les scientifiques mettent en garde contre le développement frénétique de projets de reboisement pas suffisamment réfléchis.
Ainsi, lorsque les essences nouvellement plantées entrent en compétition avec les espèces déjà présentes, subtilisant des ressources naturelles souvent précieuses.
Les chercheurs citent l'exemple de l'eucalyptus, particulièrement rentable question compensation carbone.
"La nature ne peut pas tout faire, souligne Ana Maria Hernandez Salgar, présidente de l'IPBES."
Une solution au fond des océans ?
Si la présidente de l'IPBES évoque le rôle des océans, c'est qu'ils couvrent plus de 70 % de la surface du globe et que depuis 50 ans, ils ont déjà absorbé entre 20 et 30 % de nos émissions de CO2.
Pour doper la machine, certains imaginent donc mettre en œuvre quelques technologies de géoingénierie au fond des eaux.
Ainsi, fertiliser l'océan avec du fer pourrait n'avoir aucun impact sur la croissance du phytoplancton et donc, sur le réchauffement climatique.
Autre option envisagée notamment par quelques compagnies pétrolières : injecter au fond des océans, un CO2 capté dans l'atmosphère, puis liquéfié.
Un CO2 capté sur des sites industriels des pays côtiers, puis transporté par bateau et par pipeline vers le site de stockage à quelque 100 kilomètres au large !
Capter et stocker le carbone
Ce type de projets est à classer dans la catégorie plus étendue de celles que les scientifiques qualifient de technologies CCS - pour carbon capture and sequestration, comprenez, capture et stockage du carbone -, des technologies aujourd'hui très présentes dans beaucoup des scénarios visant la "« neutralité carbone »".
Pour capter le CO2, les ingénieurs ont déjà imaginé quelques solutions.
Puis un traitement à la chaux permet de régénérer le NaOH en produisant du carbonate de calcium (CaCO3).
L'autre grande solution envisagée, c'est celle du stockage géologique.
Si les couches souterraines se révèlent insuffisamment étanches.
Un lac volcanique avait libéré entre 100 et 300.000 tonnes de CO2, asphyxiant littéralement quelque 1.750 personnes et 3.000 animaux d'élevage.
Si les technologies CCS semblent plus sûres que d'autres idées de la géoingénierie, elles doivent donc tout de même être envisagées avec précaution.
Capter et utiliser le carbone
Les technologies dites CCU - pour carbon capture and utilization, comprenez capture et utilisation du carbone -, enfin, pourraient, selon les experts, capturer jusqu'à 15 % de nos émissions de carbone d'ici 2030.
Des travaux qui pourraient aider à orienter et à hiérarchiser les stratégies de R&D.
Selon les chercheurs : "« Il existe actuellement une plus grande opportunité de réduire les émissions de CO2 en utilisant des sources d'énergie renouvelables pour remplacer la production d'électricité à base de combustibles fossiles que d'investir dans de nombreuses technologies CCU."
Finalement, tous les scientifiques interrogés s'accordent à dire que ces technologies à émissions négatives ne constituent pas plus que les autres technologies de la géoingénierie une alternative aux mesures de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre qui doivent, elles, désormais être massivement mises en œuvre.
Tous les articles publiés pour la journée spéciale avec Étienne Klein :
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