Des anomalies génétiques et immunologiques expliquent un quart des formes sévères de la Covid-19
Santé
Les mois passent et le coronavirus est toujours là avec son lot de complications plus ou moins graves d'un individu à l'autre. Deux récentes études apportent un nouvel éclairage qui pourrait expliquer ces disparités chez 25 % des formes sévères.
Les conséquences d'une infection au SARS-CoV-2 sont éminemment variables d'une personne à l'autre.
Si la plupart des individus infectés sont peu symptomatiques ou asymptomatiques, certains développent des formes sévères voire critiques, avec des pneumopathies nécessitant un séjour en réanimation.
Cette avancée est le fruit d'une collaboration internationale pilotée par des chercheurs de l'Inserm et enseignants-chercheurs d'Université de Paris et médecins de l'AP-HP au laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, dans ses deux branches : à l'Institut Imagine, situé à l'Hôpital Necker-Enfants Malades AP-HP, et à l'Université Rockefeller de New-York.
Après plus d'un an de pandémie, l'hypothèse d'une prédisposition génétique et immunologique aux formes graves de Covid-19 se confirme.
L'hypothèse d'une prédisposition génétique
Deux nouvelles études internationales coordonnées par le même laboratoire et publiées le 19 août dans la revue Science Immunology apportent de nouvelles données scientifiques qui, ajoutées aux précédentes, expliquent 20 à 25 % des formes sévères de Covid-19.
Des variants du gène TLR7 en cause
Dans la première publication, les auteurs ont identifié des variants au niveau du gène TLR7, conduisant au développement de formes critiques, en particulier chez les patients jeunes.
Ils ont ensuite comparé toutes ces séquences entre elles et avec celles de sujets d'un groupe contrôle ayant contracté la Covid-19 dans des formes asymptomatiques ou légères.
Afin d'éviter tout biais ethnique et s'assurer d'un échantillon représentatif, les chercheurs ont recruté des patients partout dans le monde, mobilisant 400 centres de recherche dans 38 pays différents.
Il en ressort que 1,3 % des formes graves de Covid-19 s'expliquent par des anomalies génétiques du gène TLR7 chez les hommes.
Des auto-anticorps délétères
Dans la deuxième publication, les auteurs ont démontré que 15 à 20 % des formes sévères sont causées par la présence - dans le sang des patients - d'auto-anticorps qui visent spécifiquement les interférons de type 1.
En 2020, les chercheurs avaient pu expliquer 10 à 11 % des formes sévères car ils s'étaient intéressés en priorité aux patients avec un taux très élevé d'auto-anticorps dans le sang.
Afin de mieux comprendre la distribution de ces auto-anticorps dans la population générale non infectée et notamment l'influence de l'âge (l'essentiel des cas de formes sévères de Covid-19 concernent les plus de 65 ans), les auteurs ont comparé plus de 34.000 individus sains, classés par sexe et tranche d'âge, issus de cohortes de l'Inserm, de l'Établissement français du sang, et de Cerba Healthcare, partenaire du laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses.
Pourquoi l’âge est un facteur de risque
Ils ont ainsi fait une découverte inattendue
La présence d'auto-anticorps dirigés contre les ifn 1 sont très rares avant 65 ans (0,2 à 0,5 %) et augmentent ensuite exponentiellement en vieillissant.