Des filaments de poussière cosmique pour nourrir les trous noirs
Des chercheurs de l'Institut d'Astrophysique des Canaries ont observé pour la première fois un filet de poussière cosmique, long de plusieurs centaines de parsecs, orbiter autour d'un trou noir avant de se faire absorber. Ce phénomène permettrait au trou noir de s'alimenter et expliquerait le manque de visibilité dans certaines zones du noyau galactique.
Comprendre la croissance et l'impact des trous noirs sur leur environnement passe par l'analyse de leur régime alimentaire.
Le régime alimentaire d’un monstre cosmique
C'est la seconde fois en moins d'un an que les astrophysiciens observent des phénomènes singuliers concernant l'alimentation des trous noirs.
Un trou noir se nourrit de la matière piégée dans son champ gravitationnel, qui forme un disque d'accrétion en s'approchant de l'horizon des évènements et se fait absorber à terme.
Grâce à cette observation, les scientifiques peuvent déterminer que le trou noir nécessite une quantité négligeable de matière pour se nourrir, la quantité de matière absorbée étant équivalente à 1/100e de la masse du Soleil.
Un autre fait non négligeable est rapporté dans l'étude.
Ces filaments de poussière tourbillonnant autour du trou noir de NGC 1566 seraient suffisants pour provoquer un obscurcissement du noyau de la galaxie.
Cette étude a vu le jour grâce au programme Parsec, financé par l’IAC.
Le programme Parsec pour comprendre les trous noirs
L'équipe de Parsec, composée de 27 chercheurs, a mené plusieurs recherches basées sur l'activité des trous noirs selon leurs interactions avec d'autres éléments extérieurs, notamment des résidus de gaz et poussières présents au centre des galaxies.
Les astronomes ont superposé des images obtenues avec trois télescopes différents : Hubble, le Very Large Telescope (VLT) et l'Altacama Large Millimeter Array (Alma), ces deux derniers étant basés au Chili et gérés par l'European Southern Laboratory (ESO).
Si les équipes de l'Institut d'Astrophysique devaient encore passer de nombreuses heures à observer les différents trous noirs qui peuplent l'univers pour comprendre leur interactions avec les galaxies, ils seront aidés dans les années à venir par de nouveaux instruments : le James Webb Space Telescope, successeur de Hubble, dont le lancement est prévu pour novembre 2021, ou encore l'Extremely Large Telescope (ELT), qui sera inauguré au Chili en 2025.