Des rivières auraient coulé sur Mars un milliard d'années plus longtemps qu'on ne le pensait !
La question fascinante de la vie sur Mars est inséparable de celle de l'existence passée et actuelle de l'eau liquide sur la Planète rouge. Deux planétologues du célèbre Caltech aux États-Unis ont utilisé les données de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter pour déterminer que plusieurs cours d'eau devaient exister encore à la surface de Mars il y a à peine 2 milliards d'années.
Il y a tout juste un peu plus de 50 ans la sonde états-unienne Mariner 9 était la première à se mettre en orbite autour de Mars au mois de novembre 1971.
Une tempête martienne va cependant lui interdire de photographier la surface de la Planète rouge jusqu'au 2 janvier 1972.
Surtout, la sonde commence à fournir des images de la structure à la surface de Mars qui ressemblent à s'y méprendre à celles observées depuis l'espace sur Terre et qui sont dans le cas de notre Planète bleue, à savoir des lits de rivières, des preuves d'érosion et de dépôts par de l'eau.
Swipe up to watch the video
De Mariner 9 à MRO, une plongée dans le passé de Mars
En 1976, l'arrivée des sondes Viking va confirmer la présence de ces structures mais aussi en faire découvrir beaucoup plus.
Non seulement d'immenses vallées fluviales, parfois s'étendant sur des milliers de kilomètres, sont découvertes, mais on trouve également des traces de libération massives et rapides d'énormes volumes d'eau avec des débits estimés à dix-mille fois le débit du Mississippi pour certains écoulements.
Enfin, suite à la calibration des âges des terrains cratérisés grâce aux datations des roches lunaires ramenées par les missions Apollo (le bombardement météoritique et la taille des impacteurs diminuant depuis la fin de la formation du Système solaire il y a presque 4,5 milliards d'années), ces missions ont permis de constituer un équivalent de la chronologie des ères géologiques sur Terre.
Les planétologues vont donc définir approximativement trois grandes périodes de l'histoire martienne nommées d'après des endroits sur Mars qui appartiennent à ces périodes.
On distingue donc en général et dans l'ordre chronologique depuis la naissance de Mars :
Aujourd'hui, un article publié dans AGU Advances vient bousculer potentiellement quelque peu cette chronologie.
La question de l'habitabilité dans le passé de Mars et surtout d'une possible apparition de la vie dont il pourrait rester quelques traces encore aujourd'hui se pose toujours.
Comme on le sait, on aimerait bien savoir si la vie est née ailleurs que sur Terre et on peut donc se demander si au moins des organismes ressemblant à ceux que nous connaissons ont pu se développer ailleurs dans le Système solaire.
Bien sûr, on peut argumenter du fait que la vie dans le cosmos pourrait être très différente de celle que l'on connaît sur Terre mais après tout, ce qui nous intéresse le plus c'est de savoir à quel point la vie de type terrestre peut apparaître facilement ou non dans le cosmos observable.
Mais revenons à l'article publié, que contient-il ?
Des étangs alimentés par des rivières pendant des milliards d'années ?
Les planétologues Bethany Ehlmann et Ellen Leask du fameux Caltech en Californie y expliquent qu'elles ont utilisé les données de la sonde MRO accumulées depuis 15 ans pour arriver à la conclusion que des rivières auraient continué à couler sur Mars au-delà de l'Hespérien et pendant des centaines de millions d'années pendant l'Amazonien.
En fait, des rivières et des étangs auraient pu subsister jusqu'à il y a 2 à 2,5 milliards d'années environ et donc pendant presque un milliard d'années de plus que prévu.
Les deux chercheuses se sont concentrées sur l'étude de dépôts de chlorure de sel qui ne peuvent se former que par évaporation d'eau liquide.
Or, ces régions sont bien entendu cratérisées et il était donc a priori possible de tenter des datations en étudiant le taux de cratérisation de façon plus poussée que cela n'avait été fait jusqu'à présent.
En combinant les deux images des deux instruments il a été possible de montrer également que les dépôts de chlorure de sel étudiés se trouvaient dans des dépressions qui étaient alors des étangs peu profonds sur des plaines volcaniques en pente douce, des étangs alimentés autrefois par des cours d'eau sinueux.
La densité peu importante de cratère montrait que ces étangs ne s'étaient formés que sur des terrains jeunes et dont on pouvait justement estimer les âges par le taux de cratérisation.