L’Homme rêve, et ne cessera de rêver, de l’inaccessible. C’est bien cette pulsion de toujours repousser les limites du connu qui a conduit Christophe Colomb jusqu’en Amérique et Neil Armstrong sur la Lune.
Le développement de la sismologie et des autres méthodes géophysiques ont effet permis voilà plusieurs décennies de produire des modèles de la structure et de la composition terrestre.
Objectif le manteau terrestre : un défi scientifique et technique
C’est cela qui a motivé les scientifiques russes à entreprendre le forage de Kola en 1970.
Comprendre comment le manteau interagit avec la croûte, quelle est la nature de la transition entre ces deux enveloppes, comment se forment le magma et les roches magmatiques, comment s’est formée la Terre et comment elle évolue d’un point de vue géochimique et thermique…
Ces questions font cependant face au défi que représente l’échantillonnage in situ du manteau.
Il existe bien des endroits sur Terre où la croûte, telle qu’on la définit habituellement, n’existe pas. « Seulement » 6 kilomètres à traverser, sans oublier toutefois les 4 kilomètres de couche d’eau.
Croûte ou pas croûte ?
Et pourtant il existe certaines zones dans le domaine océanique qui ne présentent pas les caractéristiques d une croûte océanique standard c est à dire composée de trois niveaux...
...de roches mafiques une fine couche supérieure de basalte 500 mètres d épaisseur environ un niveau intermédiaire intrudé que l on appelle complexe filonien et une épaisse couche de gabbro
Le manteau exhumé, une fenêtre sur les profondeurs ?
À certains endroits cependant, cette succession lithologique est remplacée par un mélange en proportions variables de gabbros et de péridotites serpentinisées.
Au lieu d’avoir recours à la fusion partielle du manteau, l’expansion océanique a, dans ce cas, utilisé une exhumation tectonique des roches mantelliques, qui ont été tractées vers la surface par le biais de grandes failles.
Mais qui dit « faille » dit « infiltration d’eau de mer ». Ce ne sont donc plus des péridotites fraîches que l’on observe au fond de l’océan, mais des serpentinites.
Un forage au cœur de l’Atlantis massif : une quête géologique et biologique
L’expédition IODP 399 s’est donc attelée à forer en plein cœur de l’Atlantis massif, un dôme de manteau exhumé situé au niveau de la dorsale médio-atlantique. Il est probable qu’il faille forer encore plus profondément pour le trouver.
De leur côté, les microbiologistes ont également eu leur lot de surprises, avec des données qui devraient permettre de mieux comprendre la composition et l’origine des flux hydrothermaux que l’on suppose être à la source du développement de la vie sur Terre.