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Les Alpes se déforment… et pas que vers le haut !

Les Alpes résultent de la collision entre deux plaques tectoniques : la plaque adriatique, qui est associée à la plaque africaine, et la plaque européenne. Si, à l'origine, les reliefs de cette grande chaîne de montagnes étaient principalement liés à des contraintes compressives, la dynamique actuelle des Alpes est bien plus complexe. Une étude portant sur des données de sismotectonique a ainsi permis de montrer que, si les Alpes continuent de grandir, la majorité de la déformation que subit le massif alpin est désormais d'origine décrochante et extensive, et non plus compressive.
Les reliefs alpins se sont formés lors de multiples phases de collision, qui ont entrainé la formation de plis, de chevauchement et l'empilement de nappes.
Les Alpes sont le résultat d'une collision entre deux plaques tectoniques.
Les plus hauts sommets des Alpes occidentales, comme le Mont Blanc, les Aiguilles Rouges ou le massif de Belledonne, sont en effet localisés sur la partie externe de la chaîne de montagnes.
Alors que l'on pourrait s'attendre à ce que les mouvements compressifs dominent toujours la dynamique alpine, la rotation anti-horaire actuelle de la plaque adriatique par rapport à la plaque européenne engendre un régime tectonique plus complexe, dominé par des mouvements décrochants et extensifs le long de failles cisaillantes et normales.
L'étude de cette activité sismique a permis à une équipe de chercheurs français d'affiner notre compréhension des modes de déformation que subissent les Alpes occidentales à l'heure actuelle.
L’étude des séismes pour comprendre la déformation des Alpes
Carte de la sismicité des Alpes occidentales, illustrant la localisation des arcs sismiques briançonnais et piémontais. © Mathey et al., 2021, Solid Earth, CC by-sa 4.0
Les résultats, publiés dans Solid Earth, montrent notamment que la majorité des événements sismiques affectant les Alpes occidentales sont de nature décrochante, qu'un nombre important est de nature extensive et que seule une minorité de séismes sont d'origine compressive.
De plus, il apparait que les événements décrochants sont distribués tout le long de la chaîne de montagnes alors que les mécanismes extensifs sont principalement restreints dans la partie interne de l'arc alpin, le long des arcs briançonnais et piémontais.
Les résultats mettent en lumière la géodynamique complexe des Alpes.
Les mouvements compressifs sont minoritaires
La chaîne de montagnes se déforme en effet suivant l'axe vertical avec un soulèvement continu dans les parties centrale et nord, a une vitesse de 1 à 2 mm/an.
L'extension dans la partie centrale pourrait être liée à différents processus, comme l'ajustement isostatique lié à la fonte des glaciers et à l'érosion.
D'autres processus pourraient également intervenir, comme la dynamique profonde de la chaîne de montagnes, en lien avec la position du slab européen présent sous les Alpes occidentales.
Pour rappel, la formation des Alpes a été précédée par la fermeture d'un océan, l’océan Téthys ligure (ou Liguro-Piémontais), grâce à une subduction qui a entrainé la plaque européenne sous la plaque adriatique.
L'hypothèse d'un slab détaché se situant désormais sous la marge Est des Alpes occidentales pourrait expliquer l'extension aussi bien que le soulèvement observé, à cause notamment du rebond lithosphérique qu'engendre la rupture du slab.
La juxtaposition des mouvements compressifs et extensifs pose également de nombreuses questions.
Ces mouvements compressifs sont directement juxtaposés avec la zone en extension et se situent à la limite entre les plaques adriatique et européenne.
Les interactions complexes entre le mouvement des plaques tectoniques et les forces de flottaison (rebond isostatique) sont certainement primordiales pour expliquer la cinématique actuelle des Alpes.