Pourquoi il est important de protéger les putois ?
Planète
Le putois d'Europe est un petit carnivore désormais menacé en France. Les causes identifiées de son déclin sont principalement la destruction de ses habitats et en particulier les zones humides par l'urbanisation et l'agriculture intensive, les collisions routières, la chasse et le piégeage. La Société française pour l'étude et la protection des mammifères (SFEPM) demande depuis 2017 son inscription sur la liste des espèces protégées, en vain. Zoom sur ce petit mammifère méconnu.
"Bien que suscitant des inquiétudes, l'état de conservation de l'espèce en France était peu documenté jusqu'à l'enquête de la SFEPM en 2017 « Protéger le Putois" », qui met en évidence la situation défavorable des populations de putois au niveau national.
La SFEPM souhaite désinscrire l'espèce de la liste des espèces « gibiers » et « "susceptibles d'occasionner des dégâts » (qui remplace le statut de « nuisible ») pour interdire définitivement son piégeage et sa chasse, et à terme, l'inscrire sur la liste des espèces protégées."
Protéger le putois, c'est protéger ses habitats, les zones humides mais aussi le bocage", et l'ensemble des espèces animales et végétales présentes dans ces milieux : on peut pour cette raison parler d'espèce « parapluie »."
Le putois est un petit carnivore crépusculaire et nocturne qui figure parmi les Mustélidés les plus difficiles à observer, et donc à étudier.
Qui est le putois d’Europe ?
En particulier, le genre Mustela regroupe 17 espèces dans le monde, dont trois autres sont présentes en France : la belette, l'hermine et le vison d'Europe - le vison d'Amérique est une espèce introduite en France au cours du XXe siècle pour sa fourrure.
Comme la plupart des membres de sa famille, le putois présente une forme allongée, une tête petite et plate, des pattes relativement courtes et une queue de taille modeste.
Son corps cylindrique est parfaitement adapté à l'exploration de terriers et tunnels où se cachent ses proies (lapins, petits mammifères).
Le pelage de jarre, c'est-à-dire la couche supérieure de poils, est de couleur brun-noirâtre, beaucoup plus sombre que la bourre, jaunâtre, qui constitue la couche inférieure de poils moins longs, particulièrement visible sur les flancs de l'animal.
À l'inverse, le museau, les sourcils "et l'extrémité des oreilles sont de couleur blanche et contrastent avec le fond brun : c'est le « masque » caractéristique du putois".
On a souvent tendance à confondre le putois avec le furet (Mustela putorius furo), mais ce dernier est en réalité une forme domestiquée, probablement à partir du putois d'Europe, qui aurait divergé de la sous-espèce type voilà 340.000 ans.
Ne pas confondre putois et furet ?
C'est cette forme, dont la présence est attestée en Afrique du Nord par des écrits depuis l'Antiquité, qui a été domestiquée.
La répartition connue historiquement du putois en France concerne l'ensemble du territoire continental à l'exception d'une extrémité sud-est.
Répartition française
La figure, ci-dessous, présente la répartition actuelle du putois d'Europe sur la base de données d'occurrence répertoriées sur le portail de l'Inventaire national du patrimoine naturel du Muséum national d'Histoire naturelle sur la période 2000-2021.
Si l’enquête menée par la SFEPM en 2017 met en évidence des disparités d'informations entre les régions, elle fait émerger un point commun : le putois n'est nulle part abondant.
La faiblesse des effectifs semble consécutive à un déclin historique au cours du XXe siècle, qui apparaît généralisé dans le pays, même s'il ne peut être mesuré finement.
"En France, le putois est une espèce « chassable » au niveau national avec possibilité de restrictions au niveau départemental, et pouvait être classé « susceptible d'occasionner des dégâts » (anciennement « nuisible ») dans certains départements (Loire-Atlantique et Pas-de-Calais) jusqu'en juillet 2021."
"La loi autorisait donc encore très récemment le piégeage de cette espèce pour des motifs invoqués de protection des « élevages avicoles » et du « petit gibier chassable »."
Quelques éléments sur la biologie de l’espèce
Solitaire et territorial, le putois fréquente les lisières forestières, les boisements peu denses, les paysages d'agriculture extensive et divers milieux en mosaïque, avec une prédilection pour les milieux humides.
Nettement carnivore, le putois est classé parmi les prédateurs généralistes et opportunistes, consommant essentiellement de petits mammifères, secondairement des amphibiens et d'autres petits animaux.
Les causes du déclin du putois observé en France sont multiples, et leurs effets s'additionnent et contribuent nettement au mauvais état de conservation de l'espèce dans le pays.
La restauration des populations de putois dépend d'une action menée sur différents plans.
Quelles mesures pour favoriser la conservation de l’espèce ?
"La SFEPM demande donc en priorité l'inscription du putois sur la liste des mammifères « protégés » en France, sur le modèle d'autres pays européens tels que le Royaume-Uni, la Suisse ou encore l'Italie."
D'autre part, les efforts pour la conservation de l'espèce doivent être portés sur la disponibilité et la qualité de ses habitats.
La priorité doit être mise sur les habitats humides et bocagers, en utilisant le putois comme une espèce ambassadrice de la préservation de ces milieux fragiles.
Enfin, des méthodes de suivi à large échelle restent à développer pour surveiller l'évolution des populations.
Si vous observez un putois, même écrasé sur la route, n'hésitez pas à communiquer cette information auprès des associations naturalistes près de chez vous : dans chaque région aujourd'hui, il existe des portails en ligne où tout le monde peut saisir ses observations.
Comment agir concrètement pour le putois en tant que citoyen ?
Et surtout, n'hésitez pas à parler autour de vous de cette espèce : plus il y aura de personnes informées de son statut actuel, plus il sera possible de changer efficacement la réglementation.